jeudi 11 février 2016

Au-delà du néant présent

   À partir de l'instant où j'ai compris la pleine signification de l'entre-temps, j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un néant présent. Rien de plus, rien de moins. Que lui manquait-il pour devenir un moment présent? En tout cas, ce n'était pas la présence. Présence au vide et du vide, présence à une soumission au sort, une résignation, cette étape du deuil qui n'a rien à voir avec l'acceptation, selon Elisabeth Kübler-Ross.
   Je frappais un mur. Un mur tranquille mais un mur tout de même. Celui qui m'empêche de voir au-delà du bout de mon nez, de rêver, de me projeter. Je me croyais sage, alors que j'étais passive. S'assoir et regarder l'herbe pousser a ses vertus. Cependant, si je m'aperçois que l'herbe sèche et que je ne l’arrose pas, où se trouve la sagesse, à quoi tient-elle?
   J'ai donc tenté de déplacer mon regard, d'y mettre davantage d'attention. Que se passait-il exactement, que pouvais-je changer? Une petite phrase m'est revenue : s'occuper du lendemain sans s'en préoccuper.
   J'ai réalisé mon immobilisme, ma paralysie. Non seulement je ne planifiais plus rien, mais je n'attendais plus rien, sauf des réponses, me disais-je, qui viendraient en temps et lieu. Je ne vivais plus, j'existais.
   Une autre vérité a par la suite émergé à fleur d'eau de ma conscience : celle que je répétais lorsque je croisais quelqu'un qui savait vivre ses derniers moments, qu’il s’agisse d’années, de mois ou de minutes. Parce que nous savons tous que nous allons mourir, même si nous vivons la plupart du temps dans le déni de cette réalité. La sentence : tant qu'on n'est pas mort, on est vivant!
   Je suis passée tranquillement à l'action, m'occupant à poser les gestes requis pour la préparation de l'été prochain, sans m'en préoccuper, advienne que pourra! L'été arrivera et rendue là, je m'adapterai.  Parce qu'il n'y a pas de moment présent sans lendemains.




© Tous droits réservés, Colette Bazinet, 2016 

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